Christophe  Pichon
Psychopraticien et Sexothérapeute à Paris (75.017) et à Toulon (83.000)

Aimer ses enfants, mais regretter d’être mère : est-ce l’ultime tabou ?


Christophe Pichon, Psy et Sexothérapeute, vous reçoit à Paris.
Pixabay - CC0 Public Domain

Le quotidien Libération du 10 juillet 2016 publie un long article concernant l’étude de la sociologue Orna Donath (1).  Celle-ci a analysé un groupe de femmes qui ne réitéreraient pas l’expérience de la maternité, si c’était à refaire (2).

Mais suivant les pays, les réactions différent en fonction de la représentation de la maternité et de la parentalité.

En France, dans le contexte de la PMA et de l’adoption des enfants par des couples homosexuels, cette étude percute frontalement l’actualité, alors qu’en Allemagne, on qualifie de « mères corbeaux » celles qui ne s’arrêtent pas de travailler pour élever leurs enfants.

L’injonction de la société à la maternité, l’adhésion au modèle familial, le compte à rebours de l’horloge biologique qui complique une sincère introspection, peuvent prendre le pas sur le véritable désir, le plus profond, le plus inconscient, celui de vouloir devenir mère ou pas.

Alors, le sentiment fugace de fierté d’avoir mis au monde un enfant peut s’évanouir avec le temps, lorsque se rencontrent le quotidien fantasmé avec la réalité du quotidien.

Toutefois, ces femmes qui n’aiment pas leur maternité soulignent un important bénéfice (et non des moindres): celui d’être acceptées, voire valorisées par la société.

L’article de Libération ajoute : «Les femmes sont très dures avec celles qui ne veulent pas d’enfant. Celles qui se permettent de sortir du code de la "bonne mère", font prendre conscience aux autres de tout ce qu’elles ne se permettent pas. Les parents sont violents envers les non-parents, parce que cela les interpelle: ont-ils vraiment choisi d’avoir des enfants avec toutes les conséquences sur leur vie personnelle et conjugale ?»

Dans un contexte de «maîtrise» de la contraception, les femmes sont censées avoir choisi en pleine conscience de devenir mère, contrairement à leurs grand-mères, qui s’adaptaient lorsqu’un enfant «arrivait».

Mais comment exprimer ses regrets dans la sphère publique ou familiale sans être accusée d’être une mauvaise mère ?

Il est vrai que cette enquête aborde le sujet sous un angle qui dérange.

Parce qu’elles regrettent d’être mères, ces femmes n’aimeraient pas leurs enfants ?

Selon cette chercheuse, le débat n’a certainement pas lieu d’être : On peut aimer ses enfants et ne pas aimer l’expérience d’être mère, c’est à dire distinguer l’objet (psychanalytique) de l’expérience.

C’est un avis que je partage fondamentalement et il me semble également d'à propos, concernant la population des pères.

 

(1)  www.liberation.fr/debats/2016/07/10/le-regret-d-etre-mere-ultime-tabou_1465328

(2) «Regretting Motherhood : A Sociopolitical Analysis», publiée à l’hiver 2015


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