Christophe  Pichon
Psychopraticien et Sexothérapeute à Paris (75.017) et à Toulon (83.000)

Quelles sont les conséquences psychologiques du confinement ?


La perspective du déconfinement a amené chacun d’entre nous à se projeter dans un futur proche. 

En tant que Psychopraticien, j’ai eu la chance durant cette période de Covid 19 de poursuivre les thérapies au travers de téléconsultations.

Ceci m’a permis d’observer l’état d’esprit avec lequel chacun s’engageait dans cette période incertaine, puis l’évolution durant ces semaines des conséquences de la privation de liberté de mouvement, et nouvellement, la façon d’envisager la sortie de ce tunnel.

 

Aux premiers temps, choisir sa stratégie.

Durant cette première phase, je pourrais segmenter en trois principaux groupes les stratégies opérées initialement : ceux qui se confinent seuls, dans une petite surface d’habitation, bien que souvent, ils aient la possibilité de rejoindre leur famille dans des habitations de taille plus importantes, ceux qui se confinent simplement avec conjoint (et leurs enfants) et ceux qui choisissent de se regrouper au sens large de la famille : grands-parents, parents, enfants, beaux-frères, belles-sœurs, etc…

Bien entendu, chacun de ces choix parle de nous, de notre rapport à l’autre et à notre famille, de notre histoire personnelle, de nos blessures, de nos schémas précoces acquis par inadvertance avant l’âge de raison.

Confiné(e) seul(e), il peut y avoir comme un aspect régressif, une tentative de retour dans la matrice maternelle symbolique, comme pour retrouver la protection du ventre chaud et accueillant de la mère que symbolise l’appartement et la solitude dans lesquels nous sommes. A l’abri, nous tenons le monde extérieur à distance. Rien ne peut nous atteindre.

Confinés en famille, les souvenirs de l’enfance resurgissent quand Maman (60 ans) appelle par la trouée de l’escalier, son fils de 32 ans, cadre dans une entreprise du CAC 40, en télétravail sur son ordinateur, dans la chambre qui l’a vu grandir, pour passer à table. Etc.

Mais plus cette « assignation à résidence » dure, plus les tensions psychiques apparaissent naturellement.

 

Aux seconds temps, tenir face la privation de liberté de mouvements.

Dans cette seconde phase, nous devenons témoins impuissants de ces remontées de « fond de pot », ce que nous n’avions pas réglé depuis des années et qui fait retour, à l’occasion de la permanente promiscuité avec l’autre ou à l’inverse par son absence.

Cette recherche de sécurité, dénominateur commun qui avait initialement orienté notre choix de confinement, correspond à la deuxième marche du modèle de la pyramide des besoins de Maslow : la recherche d’un environnement stable, prévisible, sans anxiété, ni crise…

En relisant la définition de la première marche de cette même pyramide qui correspond à la satisfaction de nos besoins physiologiques (nourriture, sexualité, sommeil…), les souvenirs de ces premiers jours de crise me reviennent, comme ces caddies dans les supermarchés, remplis de pâtes, de riz et de papier-toilette. Même scénario il y a quelques jours avec ces stocks de masques achetés en quelques heures dans les supermarchés.

Il ne vous aura pas échappé que la peur largement entretenue dans la sphère publique, paralyse nos cerveaux reptiliens et par conséquence entache notre réflexion et notre prise de recul sur la situation.

Notamment en région parisienne, on assiste à une hausse du nombre d’admissions aux urgences psychiatriques de personnes plutôt jeunes et sans antécédents, pour des bouffées délirantes aigues. Le calme des premiers temps du confinement a fait place à une montée en tension psychique puis à des décompensations en l’espèce très violentes.

Aux terrains dépressifs latents s’ajoutent des personnes brutalement sevrées de leurs drogues.

 

Aux troisièmes temps, envisager la sortie du tunnel.

Dans cette troisième phase où la perspective du déconfinement se présente, apparaissent chez certains de mes consultants de l’anxiété, voire des angoisses, à l’idée de se confronter de nouveau au monde extérieur, aux autres.

Nous venons de passer plus de 6 semaines, en huis clos à la maison et ressortir fait naître des peurs diverses : se redéplacer dans de plus grands espaces, réapprendre à interagir avec les autres, retourner exercer un emploi qui ne nous plait pas/plus, prendre le risque d’attraper le virus…

Les vrais problèmes se présentent, après une longue pause où beaucoup de choses ont été mises entre parenthèses : nous étions dans un espace délimité avec une vie structurée, contrôlée, organisée et finalement limitée.

On peut observer ces mêmes appréhensions chez des personnes détenues quittant le monde carcéral ou dans des pays longtemps sous dictature qui transitent vers un régime plus démocratique.

Passer d’un environnement ultra contrôlé (masques, gants, file d’attente pour rentrer dans les magasins, attestation de sortie et surveillance policière…) vers l’étape du déconfinement n’est pas une mince affaire.

 

Durant ces 6 semaines, notre cerveau a enregistré que le monde extérieur et les autres sont sources de danger. Il va nous falloir réapprendre à vivre « normalement », à se réapproprier nos vies et progressivement faire de nouveau confiance à cet autre.


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